Des communications d'urgence en français « négligées » par l'Ontario, selon l'ombudsman (Radio-Canada)
juin 29, 2021
29 juin 2021
Le rapport annuel de l'ombudsman de l'Ontario fait état de 267 plaintes relatives aux services en français et constate un manquement dans les communications en français du gouvernement.
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le 29 juin 2021
Le rapport annuel de l'ombudsman de l'Ontario fait état de 267 plaintes relatives aux services en français et constate un manquement dans les communications en français du gouvernement.
« Au fil de l’évolution de la pandémie, les communications en français ont parfois été négligées », souligne le rapport annuel de 92 pages.
Du 1er avril 2020 au 31 mars 2021, l’Unité des services en français a reçu 267 plaintes.
À titre d'exemple, l'ombudsman « cite plusieurs annonces gouvernementales sur de nouvelles fermetures et de nouvelles mesures d’urgence en décembre 2020 et en janvier 2021 qui n’ont pas été diffusées en français ».
La commissaire aux services en français a également fait part de « ses préoccupations concernant le fait que l’information sur les nouveaux décrets d’urgence n’était pas communiquée en français ».
Il est d’autant plus important, en cas de pandémie, que les communications urgentes du gouvernement se fassent simultanément en anglais et en français, peut-on lire dans l'une des quatre pages consacrées aux services en français.
C’est d'ailleurs la première année financière complète pour laquelle le Bureau de l’ombudsman crée un rapport qui porte aussi sur les services en français en Ontario.
« Nous remercions l'ombudsman Dubé pour son travail. Nous étudions son rapport et ses recommandations avec beaucoup d'intérêt. »
La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney
Le rapport annuel de la commissaire aux services en français, Kelly Burke, sera publié à la fin de l'année.
Il fera le point sur les progrès réalisés par le gouvernement Ford dans la mise en oeuvre des recommandations pour améliorer la planification de la prestation des services en français dans tous les ministères.
De son côté, le professeur François Larocque, titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en droits et enjeux linguistiques à l’Université d’Ottawa, dit que les ratés dans les services en français relevés dans le nouveau rapport de l'ombudsman montrent que « la Loi sur les services en français a besoin d'être modernisée et renforcée ».
« On a besoin de mécanismes peut-être avec plus de mordant », dit-il.
Moins de plaintes cette année
Au total, 20 015 plaintes ont été traitées par l'ombudsman entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2021. Ce nombre est inférieur à celui des dernières années, selon le Bureau de l'ombudsman.
Plaintes reçues selon les secteurs
Source : Rapport annuel 2020-2021 de l’Ombudsman de l'Ontario
L’Université York est visée par 30 plaintes, un sommet cette année pour un établissement postsecondaire en Ontario.
Un total de 1402 plaintes ont également été reçues par l’Unité des enfants et des jeunes. Plusieurs sociétés d’aide à l’enfance faisaient appel à la police pour intervenir auprès de jeunes placés sous leur garde, ce qui a suscité des plaintes.
La police et le public
L'ombudsman, Paul Dubé, fustige aussi la province pour avoir ignoré ses recommandations de 2016 pour améliorer la formation des policiers à la désescalade dans les situations de conflit, qui varie d'un corps policier à l'autre.
« Les deux recommandations clés de ce rapport étaient qu'il y ait un nouveau modèle pour l'utilisation de la force. Ça fait des décennies que ça n'a pas été modifié », a déclaré l'ombudsman, en point de presse, qui a fortement encouragé le gouvernement à examiner ces lacunes.
« C'est crucial de donner les bons outils aux policiers qui font face à des gens en situation de crise. On le voit dans les nouvelles, les gens meurent dans leurs interactions avec les forces policières. Ça fait des décennies que les coroners et les juges font ces recommandations. C'est le temps d'agir. »
Le gouvernement Ford n’a pas non plus entièrement mis en œuvre sa propre loi de 2019 visant à élargir la surveillance des services de police.
« Je crains que l’inertie de la réforme, face aux tragédies qui continuent, ne mine encore davantage la confiance du public envers la police », écrit Paul Dubé. « On nous tient au courant des progrès par le gouvernement, mais je trouve que le progrès est très très lent. »