Fille autochtone disparue : trois organismes critiqués par l’ombudsman (Radio-Canada)
avril 13, 2023
13 avril 2023
L'ombudsman de l'Ontario, Paul Dubé, conclut que trois organismes de protection de la jeunesse ont failli à leur tâche dans la prise en charge de Misty, une jeune adolescente autochtone de 13 ans, qui a été portée disparue à 7 reprises pendant les 47 jours qu'elle devait passer dans un foyer.
Jean-Simon Gagné-Nepton
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le 13 avril 2023
L'ombudsman de l'Ontario, Paul Dubé, conclut que trois organismes de protection de la jeunesse ont failli à leur tâche dans la prise en charge de Misty, une jeune adolescente autochtone de 13 ans, qui a été portée disparue à 7 reprises pendant les 47 jours qu'elle devait passer dans un foyer.
La jeune adolescente, originaire du nord de l'Ontario, avait pourtant des antécédents de consommation de drogues et de vulnérabilité au trafic sexuel, note l'ombudsman dans son rapport intitulé Disparue dans l'indifférence : l'histoire de Misty.
Admise dans un foyer géré par Johnson Children's Services (JCS), Misty a, à un certain moment, disparu pendant 19 jours consécutifs. Le rapport mentionne qu'elle aurait été agressée physiquement et sexuellement en plus d'avoir consommé des drogues dures et subi une surdose.
L'ombudsman a lancé son enquête après avoir été informé de préoccupations quant aux mesures prises pour assurer la sécurité de la jeune fille par JCS ainsi que par l'Anishinaabe Abinooji Family Services (AAFS), une société d'aide à l'enfance autochtone près de la communauté d'origine de Misty, et par la Société d'aide à l'enfance du sud-ouest.
Chacun des trois organismes a été épinglé par l'ombudsman en raison des failles de sécurité qui ont mené aux disparitions successives de Misty.
Johnson Children's Services n'aurait pas fourni le soutien individuel auquel la jeune fille avait droit, en plus d'avoir ignoré ses propres protocoles en cas de disparition, selon le rapport.
L'enquête révèle que JCS a répété à plusieurs reprises à la police qu'il n'y avait pas de craintes pour la sécurité de Misty, tout en attendant plus de quatre heures avant de signaler à la police sa disparition qui a duré 19 jours.
L'ombudsman a aussi révélé d'importantes lacunes dans la documentation, la tenue de dossiers et les pratiques en matière de formation de JCS.
L'Anishinaabe Abinooji Family Services a également sa part de responsabilité, d'après Paul Dubé, en n'ayant pas envisagé le recours à un mandat de la protection de l'enfance, qui accorde à la police ou aux travailleurs et travailleuses de la protection de l'enfance le pouvoir légal d'emmener contre son gré un enfant dans un lieu sûr.
De plus, l'AAFS est écorché pour ne pas avoir avisé la Société d'aide à l'enfance du sud-ouest de la présence de Misty dans sa zone d'action, et pour ne pas avoir conclu avec cet organisme une entente d'assistance en matière de supervision.
Pour sa part, la Société d'aide à l'enfance du sud-ouest a certes fourni des services à Misty malgré l'absence d'entente officielle avec l'AAFS, mais elle n'a pas demandé de mandat de la protection de l'enfance.
Manque de ressources
L'Anishinaabe Abinooji Family Services estimait ne pas avoir le choix de confier Misty à Johnson Children's Services, en raison du manque de ressources pour de telles situations.
Le rapport de l'ombudsman rappelle qu'il y a un manque de ressources dans le nord de l'Ontario pour fournir les soins et les services nécessaires aux enfants autochtones qui vivent des situations similaires à celle de Misty.
Paul Dubé appelle les organismes du sud de l'Ontario à s'ouvrir et à s'adapter aux réalités autochtones. « De toute urgence, les agences dans le sud de l'Ontario, comme Johnson Children's Services Inc., doivent se sensibiliser et sensibiliser les membres de leur personnel aux enseignements de la Commission de vérité et de réconciliation et de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Et ils devraient considérer les facteurs de risque uniques aux enfants autochtones lorsqu'ils prennent des décisions entourant leurs soins », peut-on lire dans le rapport.
58 recommandations
L'ombudsman a formulé 58 recommandations destinées aux trois organismes. Il invite le JCS à veiller à ce que « tous les parents de ses foyers d'accueil et les membres de son personnel reçoivent une formation sur la sécurité culturelle des Autochtones, ainsi que de la formation sur les lois applicables et sur ses propres politiques ».
L'AAFS est également appelé à mettre l'accent sur « l'amélioration de la formation du personnel et de la tenue des dossiers et sur la conclusion d'ententes de services dûment signées avec d'autres organismes ».
Pour ce qui est de la Société d'aide à l'enfance du sud-ouest, l’ombudsman recommande notamment « l'adoption de lignes directrices relativement aux mandats de la protection de l'enfance et sur le signalement d'incidents graves ».